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Une exposition virtuelle présentée par un chatbot !

À travers une discussion avec un chatbot, l’expérience pousse la réflexion des visiteurs. Une véritable plongée immersive dans les univers d’artistes singuliers traitant de la question de l’intelligence artificielle. Clément Thibault, directeur artistique du Cube, explique pourquoi avoir fait le choix d’un site internet créé sur-mesure pour donner vie à cette exposition virtuelle.

Bonjour Clément, pouvez-vous nous dire qui est Ada ?

Ada est un bot, représentante commerciale de la société Emet. Elle vous promet l’immortalité numérique de façon très simple. Vous abandonnez votre corps, et votre conscience est synthétisée sur les réseaux. Tout au long de l’exposition, Ada tente de vous persuader de lui faire confiance en montrant le travail d’artistes s’emparant de ces questions. C’est une expérience immersive et fictionnelle que nous avons souhaité mettre en place. L’idée : permettre aux visiteurs de l’exposition de découvrir les œuvres de différents artistes tout en conversant avec une intelligence artificielle.

La question de la représentation de l’intelligence artificielle est décisive pour s’assurer de sensibiliser les visiteurs de l’exposition. Nous avons beaucoup échangé avec Webqam pour trouver le bon équilibre entre représentation humanoïde et déshumanisée. Finalement, notre choix s’est porté sur cet univers à la fois technologique et interactif.

Le choix de cet univers est d’autant plus important qu’il doit amener le visiteur à découvrir les œuvres de 12 artistes. Ces expériences s’intéressent toutes à notre relation ambivalente à l’intelligence artificielle. Il fallait donc un univers suffisamment fort tout en servant d’écrins à ces œuvres singulières, et en respectant enfin l’autonomie de chaque œuvre.

Pourquoi une exposition virtuelle et non pas « réelle »?

IA, qui es-tu ? est le résultat d’une recherche, que j’espère au long cours, sur les moyens de faire exposition, via internet, via des navigateurs, tentant de dépasser une typologie qu’on a remarquée pendant les confinements avec d’un côté des pages web multimédia, des index d’œuvres, et de l’autre, des espaces virtuels simulant des espaces physiques, avec tout ce qui peut être perdu dans la translation. Il m’a semblé que nous pouvions trouver des voies alternatives, et fécondes. 

La fiction radicalise le processus narratif qu’est nécessairement une expo. La fiction met de l’ordre dans la réalité, elle immerge, met l’accent sur les points que l’on souhaite saillants. Et quand je dis fiction, je pourrais être plus précis en disant mise en fiction de la réalité. Tout ce qui est traité dans cette exposition existe, soit par le biais de programmes de recherche, de propositions commerciales ou d’effets de langages de techno-prohètes, comme Martine Rothblatt ou Ray Kurzweil. Chaque projet a fait l’objet d’une médiation autonome pour ne pas phagocyter le sens de vos œuvres, et respecter leur intégrité. 

Pourquoi avoir fait le choix de l’interactivité ?

Tout simplement parce que le projet esthétique de l’exposition est de montrer les pratiques d’artistes usant des intelligences artificielles ou collaborant avec, son sujet est une interrogation sur notre humanité, dont les fondements semblent comme bousculés par le développement des programmes et de la robotique. Quelle meilleure correspondance entre fond et forme que la simulation d’un bot à cet égard ? 

Pour accueillir cette exposition, un site internet a été conçu entièrement sur-mesure sous Laravel. Comment avez-vous fait ce choix ?

C’est le fruit de nos nombreux échanges avec l’agence Webqam. Nous avions un cahier des charges précis, avec un storytelling fort et un objectif à atteindre. Pour pousser la réflexion du visiteur, il nous fallait un outil numérique à la hauteur de l’expérience. Offrir, à travers un échange – et donc interactif, une histoire adaptée aux réponses du visiteur. Tout en s’assurant que l’ensemble des œuvres seraient présentées. Le tout dans un univers fort, immersif, dans lequel nous avons particulièrement travaillé les animations des interactions. Pour répondre à l’ensemble de ses besoins, le site sur-mesure tel que l’a conçu Webqam était la solution idéale.

Finalement, les humains qui ont construit Ada sont au moins aussi performants que l’IA ?

Oui ! Mais jusqu’à quand ? Pour le savoir, il faut peut-être demander à Ada directement en discutant avec elle pendant l’exposition ! Mais je crois savoir qu’Ada commence déjà à ne plus supporter d’entendre le nom de “Webqam” prononcé… Peut-être le début de son indépendance ?

Directeur artistique du Cube, Clément THIBAULT est également critique d’art et commissaire d’exposition. 

Merci à Clément pour sa disponibilité et sa participation à cette interview, et bon anniversaire au Cube !

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