Mener un chantier de refonte en intégrant les enjeux d’accessibilité digitale, comment cela se passe ?

L’accessibilité numérique est un enjeu majeur dans la conception de sites internet, applications mobiles et autres outils numériques. Elle vise à garantir l’accès à tous, en particulier aux personnes à mobilité réduite et aux personnes handicapées. Ce guide vous accompagne dans la refonte de votre projet, en respectant les normes et réglementations en vigueur. Découvrez comment intégrer l’accessibilité à votre chantier de refonte digital.

Qu’est-ce que l’accessibilité numérique ?

L’accessibilité numérique est bien plus qu’une simple conformité réglementaire, elle est un levier de performance et d’équité pour votre organisation. En effet, elle s’avère d’une importance cruciale pour toucher un public plus large et garantir une expérience utilisateur optimale pour tous. Les bénéfices sont multiples : augmentation du trafic, amélioration du référencement naturel, respect des valeurs d’inclusion et de responsabilité sociale. Notons aussi que près de 20% de la population française est concernée par un type de handicap.

Effectuer une démarche d’accessibilité, c’est permettre à 12 millions de personnes en France d’accéder et d’utiliser votre site. Ignorer l’accessibilité numérique, c’est donc se priver d’une part importante de visiteurs potentiels.

Que signifie accessible numériquement ?

L’accessibilité, dans le contexte numérique, se définit comme la facilité avec laquelle un utilisateur peut interagir avec une interface, qu’il s’agisse d’une application mobile, d’un site internet ou de tout autre produit numérique. Quand on pense handicap numérique, on pense prioritairement aux déficiences visuelles et aux problèmes de vue, mais cela doit inclure l’ensemble des incapacités qu’elles soient ponctuelles ou permanentes, physiques, sensorielles, ou cognitives.

L’objectif de l’accessibilité est d’assurer que tous les utilisateurs, indépendamment de leurs capacités, puissent naviguer, comprendre et utiliser efficacement les services numériques. Cela implique de prendre en compte diverses situations, comme l’utilisation de dispositifs d’assistance ou la nécessité d’adapter le contenu à des besoins spécifiques.

L’accessibilité est donc au cœur de la conception inclusive, qui vise à créer des expériences qui peuvent être utilisées par le plus grand nombre possible de personnes, sans nécessiter d’adaptations ou de configurations spéciales. Elle doit être mise en place et appliquée tout au long de la vie du projet. 

Les normes et réglementations en matière d’accessibilité numérique

Le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA), c’est quoi ?

Comme les normes ERP (Établissements Recevant du Public) sont essentielles pour garantir une accessibilité universelle dans le batiment, dans le digital on parle du Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA). Ce référentiel est une directive européenne composée de 106 critères. Il permet à tous les usagers, quels que soient leurs handicaps, de naviguer et d’interagir efficacement avec les services numériques.

Les critères d’accessibilité du RGAA sont basés sur les Règles pour l’accessibilité des contenus Web (WCAG), une norme internationale. Le WCAG prévoit 3 niveau d’accessibilité :

Le RGAA se base sur les 50 critères d’accessibilité de niveau A et AA du WCAG. Néanmoins, il fonctionne avec un système de conformité par rapport à la note finale. 

• Accessibilité : non conforme pour un résultat inférieur à 50% ou si aucun audit n’a eu lieu sur la plateforme digitale
• Accessibilité : partiellement conforme pour un résultat compris entre 50% et 100% de réussite.
• Accessibilité : totalement conforme pour un score de 100%.

Entrée en vigueur

La mise en accessibilité est obligatoire pour les services en ligne de l’État. A partir du 28 Juin 2025, leur respect sera obligatoire pour toutes les entreprises de plus de 10 salariés ou dont le chiffre d’affaires ou le bilan excède 2 millions d’euros. Il pourrait donc y avoir de potentielles sanctions financières pour les organisations qui n’œuvrent pas pour l’accessibilité de leurs produits numériques. Le montant maximal étant fixé à 50 000€ renouvelable tous les 6 mois. Ce contrôle sera effectué par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique).

Quels sont les 4 principes d’un site accessible ?

Les quatre principes fondamentaux de l’accessibilité numérique sont énoncés par les Nations Unies et le W3C. Ils constituent une base solide pour la création d’interfaces numériques accessibles et sont essentiels pour garantir une expérience utilisateur optimale pour tous.

• Perceptibilité : Il s’agit de rendre les informations et les éléments d’interface détectables pour tous les utilisateurs. Cela peut impliquer l’utilisation de textes alternatifs pour les images, de sous-titrages pour les vidéos, ou de descriptions audio pour le contenu visuel.
• Utilisabilité : Cela signifie que les utilisateurs doivent être capables d’interagir efficacement avec l’interface. Cela nécessite la conception d’interfaces intuitives, la mise en place de menus de navigation clairs. L’utilisation de l’interface ne doit en aucun cas avoir besoin de fournir des explications complémentaires pour son utilisation. 
• Compréhensibilité : Les utilisateurs doivent pouvoir comprendre les informations et le fonctionnement de l’interface. Cela peut nécessiter l’utilisation d’un langage simple et clair et une cohérence dans la conception. C’est-à-dire, qu’un élément qui effectue toujours la même action doit toujours avoir le même aspect visuel. 
• Robustesse : L’accessibilité doit être maintenue à mesure que la technologie évolue. Cela peut nécessiter la conformité aux normes de codage acceptées, la prise en compte de la compatibilité avec divers dispositifs et navigateurs, et la réalisation régulière de tests d’accessibilité.

Quelles sont les règles de l’accessibilité numérique ?

La directive européenne liste 106 critères de mise en conformité. Être conforme au RGAA, c’est respecter l’ensemble de ces 106 critères sur l’ensemble des pages auditées. 

Les 106 critères sont répartis en 13 grandes catégories : images, cadres, couleurs, multimédia,tableaux, liens, scripts, éléments obligatoires, structure de l’information, présentation de l’information, formulaire, navigation, et consultation. 

Quelles pages doivent être audités ?

L’audit doit porter sur un certain nombre de pages clé représentant l’échantillon. Si ces pages n’existent pas, elles ne seront pas auditées.

• page d’accueil (page constituant le point d’entrée principal du service de communication au public en ligne),
• page contact (page contenant les informations de contact ou le ou les formulaires permettant de contacter directement l’organisme responsable du service de communication au public en ligne),
• page mentions légales,
• page « accessibilité » (page comprenant la déclaration d’accessibilité),
• page plan du site (page récapitulant l’arborescence du site ou permettant plus largement une navigation au sein des différentes pages composant le service),
• page d’aide,
• page d’authentification.

D’autres pages peuvent également être auditées, si elles existent :

• au moins une page pertinente pour chaque type de service fourni et toute autre utilisation principale prévue (ex. : rubriques de 1^er niveau dans l’arborescence…), y compris la recherche;
• au moins un document téléchargeable pertinent, le cas échéant, pour chaque type de service fourni et pour toute autre utilisation principalement prévue;
• l’ensemble des pages constituant un parcours spécifique comme un formulaire de saisie ou un processus de paiement sur plusieurs pages;
• des exemples de pages ayant un aspect sensiblement distinct ou présentant un type de contenu différent (ex. : tableau, formulaires, etc.).

Quelques exemples de problèmes et comment les résoudre

De nombreuses bonnes pratiques d’accessibilité sont liées au bon sens alors que d’autres sont très techniques.

• Les contrastes entre les éléments doivent être suffisamment élevés pour être lisibles.
• Lecture et une synthèse vocale des contenus visuels et animés
• Mise à disposition d’un transcript ou d’une audiodescription des vidéos pour les personnes ayant une déficience auditive ou visuelle
• Les listes et les tableaux sont structurés correctement pour être lu et compris efficacement
• Les intitulés des boutons sont-ils cohérents et pertinents avec la parcours utilisateur associés
• le moteur de recherche doit être toujours atteignable de manière identique
• etc

Certains critères étant particulièrement spécifiques, ils nécessitent une analyse humaine. Il n’est donc pas possible qu’un outil digital effectue seul un audit complet. Il va pouvoir tester certains critères, mais ne pourra être fiable à 100%.